La marqueterie

Référence: 9782851010056

Le goût du meuble marqueté qui domina le XVIIIe siècle régnait en toute l'Italie médiévale pour se répandre en Allemagne du sud et dans les Flandres; au tout début du XVIe siècle il s'est introduit en France, par l'oligarchie proche de la cour.

Le premier cardinal d'Amboise, très informé des choses d'Italie, établit à Gaillon un atelier de marqueteurs dirigé par un Français, Richard Guesnon, de qui le fils, Michellet est l'auteur des panneaux des stalles passés de la chapelle de Gaillon dans le choeur de l'église de Saint-Denis. François 1er aura son « marquetiez ».

Le baptistaire de St-Germain l'Auxerrois cite, en 1576, un «marquetiez du Roi» nommé Hans Kraus, évidemment allemand. Dès cette époque, les exécutants d'Outre-Rhin sont en possession de la renommée qu'au XVIIIe siècle leurs descendants vont justifier avec un extraordinaire éclat : faut-il citer les Oeben, Riesener, Martin Carlin, Baumhauer, Christophe Wolff, entre tant d'autres, qui se sont assimilé si parfaitement l'esprit français que leurs chefs-d'oeuvre en seront à bon droit les parangons.

Rééditant son ouvrage fondamental Pierre Ramond l'enrichit d'une documentation technologique qu'il est apparemment le seul à pouvoir offrir à ses lecteurs. Il explique le mécanisme et par voie de conséquence les effets de l'outillage mécanique à grand et moyen rendement inventé par le génie moderne ; il fournit ainsi de sûrs moyens de connaissances à l'examen critique des marqueteries. Encore fait-il avec raison observer qu'à la fin du XVIIIe siècle, David Roentgen, maître pour lequel il professe une admiration légitime, obtenait, sans le secours de l'outillage perfectionné, un travail d'une telle exactitude qu'il faut, pour en détecter les connexions, une loupe de forte convexité. Selon toute apparence les oeuvres du maître de Neuwied ont été faites sous la loupe.

C'est donc une analyse décisive d'un métier d'Art supérieur que propose ici Pierre Ramond.

Toute une évolution, avec ses recherches, ses essais, ses renouveaux prend vie à la lecture de l'ouvrage d'un praticien qui connaît par expérience les ressources de son métier, dans leur complexité, et non pas seulement par l'exploitation limitée d'un certain procédé. C'est un entretien direct avec un exécutant. A ce titre, l'ouvrage de Pierre Ramond rend à l'histoire de l'art un signalé service.

Guillaume Janneau
Professeur honoraire au conservatoire national des Arts et Métiers


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