Jean Rolland, l'amateur champion

Après une course, on s'approchait de lui.
N'importe qui, le plus anonyme des spectateurs pouvait le faire : Rolland ne trichait pas.
Comme tous les gens généreux et modestes, il aimait tout le monde.
Il suffisait de lui demander : - Alors ?
Et Rolland racontait, avec la même chaleur, la même légendaire modestie, le même accent au parfum de vacances tièdes.
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"Tu as vu à la chicane ?
J'étais derrière la Mustaingue (il voulait dire : Mustang).
Je me dis : celle-là je me la fais, ou sinon il vaut mieux que j'aille planter mes choux.
J'attingue, j'attingue (j'attends) et.
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debout sur les freings que je me mets !
L'Alefa (l'Alfa) elle se met comme ça, puis comme ça.
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Cette chaleure que je me suis faite !
Mais la Mustaingue, je l'ai passée !
".
Il éclate d'un grand rire généreux : la ride qui barre son front verticalement se gonfle de sang.
Rolland ne se prenait pas au sérieux.
Jamais.
Ses victoires, ce n'était jamais que de bons tours qu'il avait joué aux copains.
Et quand ses amis arrivaient à leur tour pour lui demander : Alors Jeannot ?
".
Il recommençait son récit, avec le même enthousiasme, la même jeunesse, la même générosité : "Tu as vu à la chicane ?
J'étais derrière la Mustaingue.
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" Pierre Pagani