Motifs ornementaux Profils et moulures

Quel est le sujet du livre "Motifs ornementaux Profils et moulures"

Principales moulures utilisées en ébénisterie, en menuiserie et pour la taille de la pierre.

"Les profils, dit Viollet-le-Duc, ont une importance majeure dans l'architecture ; ils sont, pour ainsi dire, une des expressions du style, et une des expressions les plus vives. Les architectures considérées comme des arts types ont possédé chacune des profils dont le tracé dérive d'un principe essentiellement logique, et l'on peut même dire que seules les architectures qui s'élèvent à la hauteur d'un art supérieur possèdent des profils.

Effectivement, si nous remontons le cours des siècles qui se sont succédés, nous assistons, à partir du Xe siècle, à la naissance de l'architecture romane. Celle-ci, bien que procédant, dans ses traits généraux, de l'art romain et byzantin, se révèle, à nos yeux, comme une époque d'art particulièrement personnelle et originale dans sa forme. Elle se dégage franchement et complètement de l'influence des Latins et des Byzantins, ses ancêtres naturels cependant.

Parmi les belles productions de cette brillante époque romane (XIe-XIIe siècles) et que nous admirons avec une joie profonde, mêlée parfois de mélancolie en songeant à ces âges lointains, citons au hasard de la mémoire : l'église Saint-Nazaire à Carcassonne ; Notre-Dame-la-Grande et l'église Saint-Hilaire à Poitiers, Notre-Dame-du Port à Clermont-Ferrand, l'abbaye de Vézelay, l'église du Puy-en-Velay, la cathédrale d'Angoulême, Saint-Germain-des-Prés à Paris, etc., etc.

Partout, enfin, où il se manifeste, cet art roman se montre riche dans sa fécondité, superbe et robuste dans ses conceptions, et d'une extrême simplicité dans ses profils qui, tous, sont l'irrécusable témoignage d'une érudition consommée, d'une extrême puissance d'observation et d'un grand savoir chez leurs auteurs. Voilà pour le style roman.

Passons maintenant au XIIIe siècle.

Dans toutes les oeuvres d'art élevées au commencement du xiiie siècle, on constate partout, cela se conçoit, d'ailleurs, aisément, que celles-ci sont encore sous le joug de l'art roman et en subissent l'influence.

Mais, peu à peu, avec l'affranchissement des communes, est né un besoin, un sentiment nouveau : c'est l'art gothique qui va sortir triomphant. Et avec lui de nouvelles formes de profils dans ses nouveaux édifices, débordant de finesse, de grâce et d'élégance, atteignant, parfois, au sublime, au merveilleux et au nombre desquels nous citerons la Sainte-Chapelle et Notre-Dame à Paris, la cathédrale du Mans, l'abbaye de Saint-Denis, la cathédrale de Laon ; celles d'Amiens, de Rouen, de Troyes, de Beauvais, etc., etc.

Cet art gothique continue ainsi pendant tout le XIVe siècle et une grande partie du XVe siècle, mais en se transformant graduellement et d'une façon très perceptible. Les profils surtout, subissent d'importantes modifications à chacune de ces différentes époques. Ces profils, ainsi que ceux du XIIIe siècle, sont presque tous formés d'arcs de cercle, dont le tracé est déterminé par opération géométrique et au moyen du compas. Mais il est facile, d'après leur forme et leur contour, de reconnaître les styles auxquels ils appartiennent. Du reste, il en est de même pour chaque période de l'art. C'est ce que fait remarquer Viollet-le-Duc quand il dit : «Ce qui caractérise les profils des belles époques de l'architecture, c'est l'expression vraie du besoin auquel ils doivent satisfaire, et une distinction, dirons-nous, dans leur tracé, qui les signale aux regards et les grave dans le souvenir. Cette distinction dérive d'une sobriété de moyens, d'un choix dans le galbe et d'une observation fine des effets produits par la lumière. Il est tel profil dans le tracé duquel on peut reconnaître la main d'un artiste consommé, d'un esprit délicat, d'un constructeur réfléchi et savant.»

La dernière expression de l'art gothique, connue sous la dénomination générale de "gothique flamboyant" ou "rayonnant" s'évanouit au seuil de la Renaissance qui fait son apparition et s'affirme déjà dès la fin du XVe siècle à l'époque de Louis XII.